Gaston est reconnu comme Artisan d’art par la Chambre de Métiers et de L’Artisanat Auvergne-Rhône-Alpes (24/02/2022). Cette reconnaissance de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat me permet de manifester mon attachement aux principes du mouvement de l'artisanat d'art français de la fin du XXe siècle, un mouvement culturel et social, plus qu'un mouvement artistique comme l'Art Nouveau français ou l'Arts & Crafts anglais de la seconde moitié du XIXe siècle. Comme ces deux courants, il regroupe des artistes et des artisans d'art, mais n’a pas de cohérence esthétique ni de démarche artistique autre qu'une utilisation maximum de matériaux naturels. Il tente de mettre en place une conception nouvelle de la vie en société, une façon différente de fabriquer, un nouveau système marchand. Il a été l'un des facteurs de l'écologie actuelle et de la remise en cause des systèmes de production et de consommation.
Aujourd’hui je remercie la Chambre de métiers de me reconnaitre comme Artisan d’art tout en restant attaché à l’appellation Artisan Créateur plus proche de mon activité qui n’a d’autre visée que d’offrir un service associé à un plaisir, celui d’utiliser un objet authentique réalisé avec éthique.
Devenir un Artisan a été pour est moi une véritable chance grâce aux apports de ce nouveau statut :
- Il m’a permis d’être autonome (synonyme de souverain), c’est-à-dire, de pouvoir décider (créer ) et de faire… ensuite, de « mettre la charrue avant les bœufs », de faire le contraire de ce que j’avais appris. N’engageant que moi-même je peux lancer un produit et ensuite le rectifier en fonction de l’usage qui en est (ou pas) fait, je vérifie ainsi modestement la pertinence de l’enseignement du sociologue Philippe Mallein.
- Autonome mais pas seul ! Dès mes débuts, le soutien de mes proches s’est révélé d’une nature plus profonde que si j’avais eu « un nouveau job ». Et puis, j’ai découvert l’entraide des collègues artisans. Je suis entré dans ce milieu comme par inadvertance, au moment où d’autres en sortent, sans connaissance et sans savoir, dans tous les sens du terme. Très rapidement, s’est tissé autour de moi un petit réseau d’informateurs et de conseillers bienveillants qui ont permis d’obtenir rapidement la reconnaissance des clients.
- Je suis devenu pour la première fois véritablement responsable de mes actes (professionnels of course !). Dans une organisation, même en étant soit disant responsable de…on est toujours sous la responsabilité de… ce qui dilue grandement les risques et la capacité de s’améliorer.
- J’ai vérifié que l’outil nait de l’usage et qu’ainsi c’est l’artisan qui construit ses outils. Comme le dit Rousseau « Je veux que nous fassions nous-mêmes toutes nos machines, et je ne veux pas commencer par faire l’instrument avant l’expérience ; mais je veux qu’après avoir entrevu l’expérience comme par hasard nous inventions peu à peu l’instrument qui doit la vérifier».
- J’ai découvert le cuir, cette merveilleuse matière, ce sous-produit de notre alimentation (on n’a jamais tué un bovin pour son cuir !), le résultat de la transformation d’une matière dégradable et rustre, la peau, en un produit durable et noble ! Le matériau est si complexe que j’ai dû m’en remettre au choix des plus grands maroquiniers.
- Par la force des choses, j’ai appliqué les principes de « l’innovation frugale » en recherchant des solutions épurées au maximum pour répondre précisément au besoin, sans concession sur ce dernier et sans ajout superflu.
- J’ai aussi compris le conseil de Jean Tinguely à Niki de Saint Phalle « le rêve, c’est tout, la technique c’est rien, ça s’apprend ».Rêve et technique sont bien les deux bornes entre lesquelles se situent l’artiste et l’artisan.
- J’ai enfin mis à l’épreuve mon obsession de ne jamais refaire la même chose lui donnant un sens : faire mieux ou… faire plus facilement. C’est là le propre de l’artisan (l’auteur), le responsable de son travail, de sa technique, de son œuvre, il ne peut que chercher à les améliorer, pour le bonheur de ses clients et… pour se faciliter la vie !